Présence de salles de bal « dans toutes les communes sans compter les villages » : deux salles à La Cotinière, deux salles à Dolus, une salle réputée à La Menounière, à Saint-Pierre, Domino, Chaucre, Chéray, Saint-Georges, La Brée, Saint-Denis…
Ces salles étaient ouvertes tous les dimanches, louées par le propriétaire. Lorsque la salle n’était pas en service de bal, on y faisait autre chose.
Il y avait 2 ou 3 lampes, dont une au-dessus de l’orchestre pour pouvoir lire les partitions.
M. Aubrière était demandé à divers endroits. Il a joué au Casino, au Château, à La Gaconnière, Saint-Pierre, Dolus, Domino, Chaucre… « à peu près partout ».
Jules Aubrière (cousin de Charles Aubrière) jouait du violon : c’est « un instrument qu’on peut jouer tout seul », contrairement au piston qui est trop fatigant. Il lui avait demandé de le remplacer à Dolus.
Il y avait des musiciens au Château, la société « L’Echo de l’océan ».
Il n’y avait « pas beaucoup » de musiciens de bal (12 à 14 musiciens) : 3 ou 4 violons, 3 ou 4 pistons, 3 ou 4 clarinettes dans toute l’Île. Tous lisaient la musique, aucun ne jouait de routine.
Il reste aujourd’hui :
M. Vauzelle, clarinettiste
André Mounier qui jouait de la clarinette à Dolus (âgé de 3 ans de plus que M. Aubrière) : il a beaucoup joué aux bals
Un copain de M. Aubrière, joueur de baryton, de piston (mort il y a 4 ou 5 ans, il aurait 82 ans) : très fort, beaucoup de lèvres
M. Aubière a commencé en 1905 jusqu’à l’armée, à ses 19 ans. Il recommence après son retour du régiment puis de la Première Guerre mondiale où il a été soldat. Beaucoup avaient gagné de l’argent pendant la guerre et faisaient des noces couteuses.
Il a recommencé la musique lors de son retour à Marennes, à la Société Philharmonique où il tenait la grosse caisse, et du violon « à la Symphonie » jusqu’à ses 65 ans. La Symphonie comptait une quinzaine de musiciens, la Philharmonique une trentaine.
Après il n’y avait plus de bal sauf en 1945-1946 : il a joué pour des bals (pour les prisonniers qui n’étaient pas encore rentrés) sous les halles à Marennes, avec une formation clarinette - piston - violon - jâze.
Répertoire des bals :
Quadrille, polka, mazurka, valse, scottish, varsovienne (« on appelait ça La Circassienne ») : c’était « la musique de tous les dimanches ».
Danse du pays :
« Le Muet » (dit [muett’] avec prononciation oléronaise), et le chante avec le nom des notes. C’était la danse courante qui n’était pas française.
« La sauce aux lumats »
On ne jouait par cœur qu’au moment de mener la mariée durant la noce, car on était obligé. Avant la Première Guerre mondiale, il n’y avait pas d’automobile : on faisait le trajet de La Biroire à Saint-Pierre à pieds. Lorsqu’il pleuvait, on laissait le violon dans la boîte.
Avant la Première Guerre mondiale, une noce rapportait 10F par jour et par musicien. Après, en 1920 : 20F par jour et par musicien, et nourris.
Les musiciens ne déjeunaient pas à la table des mariés. Les musiciens étaient placés à l’entrée du chai. En passant, les serveuses laissaient de la nourriture aux musiciens.
On ne jouait pas pendant le repas, à aucun moment. On chantait beaucoup, seulement à la fin du repas.
M. Aubrière chante « dans mon verre verse verse, à pleins bords, verse encore… Le champagne mousseux qui rend les cœurs heureux » [extrait de « Verse le Vin d’Amour »].
La première chanson était chantée par la fille d’honneur (autant que possible) pour la mariée. C’était toujours la même chanson à caractère sérieux : « quand tu seras Maman… ».
Ici, on ne faisait pas de photographie aux noces.
M. Aubrière a été démobilisé au mois d’août 1919, puis sa famille et lui sont partis en février 1920. Durant ce laps de temps de 6 mois, il a joué à 20 mariages : tout le monde voulait se marier, beaucoup avaient gagné de l’argent.
Durant ce temps, il a notamment joué à La Chefmalière, puis à La Cotinière (petits mariages).
Le premier mariage riche a été en 1919 [à l’Îlot ?], avec 80 personnes.
Femmes connaissant le répertoire chanté de noces : M. Aubrière cite
Eugénie Masset, veuve Nadeau, à La Menounière.
Isabelle Papineau, veuve Belot, à Saint-Trojan, (2 ans de moins que M. Aubrière), habite chez sa fille infirmière au sanatorium (Mme veuve Gally [?]).
[bande coupée]
Il couchera ce dimanche soir à Marennes, où il ira en bicyclette [37km].
Il ira à Saujon lundi et reviendra à La Biroire le soir [60km].
M. Aubrière va parfois à Bordeaux à bicyclette [200km].
Tous les 2 ans, il va à la foire à Saujon, où il retrouve des cousins.
Les enquêtrices reviendront avec un violon, car M. Aubrière n’en a plus