Item : Les lieux et techniques de pêche de Charles Cormier
Général
- Titre
- Les lieux et techniques de pêche de Charles Cormier
- Description
Charles Cormier explique que les places de pêche étaient trouvées par hasard et qu'il y avait du partage entre pêcheurs. À l'époque, il y avait beaucoup de morues. Il évoque les saisons auxquelles les poissons étaient pêchés ainsi que la longueur des lignes selon les espèces. Il explique que selon le type de sol, la quantité de bateaux n'était pas la même. Les bateaux avaient des avirons et des voiles. Maintenant, ils sont à moteurs.
Personnes
- Enquêteurs
- Mark Cormier
- Informateurs
- Charles Cormier
Indications géographiques et culturelles
Données d'archivage
- Cote
- MFLA_COR_0001_0002_003
- Cote de l'item dans l'institution partenaire
- C2600-03
- Remarques concernant les données d'archivage
- - Document déposé au Centre scolaire et communautaire Sainte La Grand Terre, octobre 2010 par Ronald Labelle. - Inventaire et transcription par Steeve Ferron.
Données techniques
- Durée estimée
- 00:08:10
Médias associés
Description
Genres
- Domaine(s)
- Témoignage
Texte/Paroles
- Paroles
Légende :
Italique : dit par l'enquêteur·trice(s) et/ou ajouts/commentaires de l'analyste
Normal : dit par l'informateur·trice(s)M.C.- Asteure, pour trouver les places pour pêcher, il n’y avait pas de […] pour trouver ça. Tu trouvais par chance.
C.C.- Oui, tu trouvais rien que par chance, parce que par la marque que tu prenais à la côte, et bien, c’est ça les marques que tu avais. Non, non, ils n’aviont pas du gréement comme ils aviont asteure pour pêcher.
M.C.- Y avait-il des gars qui s’avont battu pour des places pour pêcher ?
C.C.- Non.
M.C.- Non ?
C.C.- Non, non.
M.C.- Asteure, à la côte, là, à la grève, y avait-il chacun une place pour les pêcheurs pour mettre les bateaux ?
C.C.- Oh oui, chacun avait son endroit. Ah oui, chacun avait son endroit. C’est pareil comme les gars de Saint-Georges, ici, de Sandy Point, partout là-dedans ; ils veniont pêcher à la Grand’ Terre. Ils portiont leurs trappes, hein, puis ils pêchiont là tout… Bien, du temps… le premier du temps, là, dans… sur la fin de juin à aller jusqu’à la fin de juillet, ils pêchiont là. Ils faisiont sécher leurs morues puis ils gabotiont leurs morues à Saint-Georges. Mon oncle Laurent, là, le vieux Son, le vieux Monnone, Baptiste ; ils en aviont un aussi, eux. Ils pêchiont à la Grand’ Terre. Et les Pirois de Sandy Point, ils aviont leurs trappes à l’île, eux. Ils pêchiont à l’île. Ah, il y avait de la morue en masse ce temps-là. Ah, dieu… J’ai vu à l’île, moi, – avec le vent de suroît, pas moyen… il ventait trop dur pour aller au large – pêcher sur la grève.
M.C.- Sur la grève ?
C.C.- Oui, un morceau de bois amarré sur la ligne, comme deux brasses du croc, puis enfiler un caplan dans le croc puis garocher aussi loin comme tu pouvais au large, puis en touchant l’eau, il y avait une morue dessus. J’ai vu prendre jusqu’à deux quintaux de morues de sur la grève. Oui… Puis asteure, tu ne peux pas en prendre une pour manger.
M.C.- Asteure, tous les noms des places, c’est tous des noms français, hein ?
C.C.- Tous des noms français.
M.C.- Il n’y a pas de nom anglais.
C.C.- Oui.
M.C.- Comment loin, asteure, ils étiont, les [places] pour pêcher de l’un à l’autre ?
C.C.- Bien, d’ici, il y avait comme deux miles, je pense, à aller sur le « grand fond ». Puis c’était à peu près la même distance pour aller sur le « plaquet », parce que c’était rien qu’à terre, hein. C’était rien qu’à terre de même. Mais là-bas, sur Saint-Martin, il y avait comme trois miles d’ici, je pense, puis sur Greenland, il y avait comme quatre miles.
M.C.- Quatre miles ?
C.C.- Quatre miles.
M.C.- Ah oui. Asteure, pour la morue, ça, y avait-il une certaine saison pour ça ? Et pour le hareng, y avait-il une autre saison ?
C.C.- Bien, le hareng, dans le printemps, tu avais le hareng du printemps, hein. Le monde espérait ça pour que la morue vienne, hein. Et après ça, bien, ça venait dans juillet, le hareng de juillet. Bien là, le monde pêchiont à la faux dans ce temps-là. Il y avait de la morue dans ce temps-là.
M.C.- Asteure, pêcher à la trawl, y avait-il différentes sortes de trawls ?
C.C.- Non, c’était toutes des pareilles.
M.C.- Oui.
C.C.- Oui, des trawls gréées avec des échampos puis des crocs. Et dans l’eau… Quand que ça arrivait dans août, bien l’encornet arrivait. Bien là, le monde allait à l’encornet le soir puis ils preniont leur brouette pour le lendemain.
M.C.- Oui… Ceux-là qui pêchaient pour l’encornet, asteure, y avait-il une marque pour ça aussi ?
C.C.- Ah, non, ils alliont au large de la côte, là, sur les bouées d’arrêt puis ils amarriont là-dessus puis ils pêchiont.
M.C.- Asteure, les raies, c’était des raies d’hareng ça ou des raies de morues ?
C.C.- Oui, les raies d’harengs ; il n’y avait pas de raies de morues dans ce temps-là. Non, il n’y avait pas de raies de morues.
M.C.- Asteure, comment pour trouver une place pour le hareng, asteure? De la même manière que c’est pour la morue ou…?
C.C.- Pareil ; tu mettais tout en grand au large à aller à la creuseur que tu voulais puis tu amarrais ta raie dessus. Il n’y avait pas de fond de choisi pour ça.
M.C.- Asteure, comment loin que les raies étiont à part s’il y avait plusieurs raies au large ?
C.C.- Les raies, elles pouviont être comme cent verges une de l’autre, pas plus. Ils tendiont tous dans un endroit.
M.C.- Asteure, pour le saumon, y avait-il… Comment que tu pêchais ça, asteure : à la raie ou…?
C.C.- Le saumon, moi, j’ai jamais pêché le saumon. Il n’y a personne ici qui pêchait le saumon parmi.
M.C.- Non ?
C.C.- Non. C’est rien que depuis je pense une quinzaine d’années [ou] une vingtaine d’années qu’il y en a qui pêchent. Mais avant ça… Avant ça, le monde dans le vieux temps, ils veniont d’en dedans pêcher le saumon. Le monde ici le pêchiont pas, non.
M.C.- À quel temps que ça commence, asteure, la pêche au saumon ?
C.C.- Ils commenciont dans mai, ils finissiont dans la fin de juillet. C’est ce temps-là qu’ils pêchiont, dans le temps du caplan.
M.C.- Comment qu’ils tendiont la raie pour ça, asteure ?
C.C.- Ils tendiont le bout à terre à aller au large. Ils tendiont proche assez que le saumon ne pouvait pas passer le bout de terre. Ils tendiont ça à travers, à aller au large. Mais on avait un endroit, là, au Four, ils tendiont là. Et ils tendiont au Caillou Percé, là-bas, oui, dans la Grand’ Anse.
M.C.- Ça fait que la creuseur de l’eau, il n’y avait pas de différence ?
C.C.- Non, non, non, non. Leurs raies étaient faites de même, hein? Leurs raies étaient faites dans une demi-brasse à aller à sept brasses.
M.C.- Et pour les raies d’harengs, asteure, comment on fait pour ça ?
C.C.- Les raies à harengs, je les tendions comme douze à quatorze brasses d’eau. Les raies à raves aviont juste comme 4-5 brasses. Des trantraines(?05:49), j’avions, […].
M.C.- Ah bien, c’est tout pour asteure puis s’il y a de quoi d’autre plus tard, je viendrais encore.
Comment gros étiont les places pour pêcher ?
C.C.- Les places pour pêcher, bien, il y avait de la place pour une dizaine de doris, à l’échouerie. Mais ils aviont rien que deux chemins qui montaient le cap. Ce temps-là, c’était tout au cabestan. Ils aviont des slates en bas. Ils faisiont des blocs avec du bois puis des cailloux. C’est là-dessus que je mettions nos bateaux.
M.C.- Asteure, au large, aux pêches, là, fallait que vous pêchiez pour la morue, comment grand que c’était ça? C’était-il grand assez pour un bateau ou bien 2-3 bateaux à la même place pour…?
C.C.- Bien, sur les fonds de roches ici, il y avait rien que de la place pour une couple de bateaux, 2-3 bateaux, hein. Mais sur le fond de vase, il y avait de la place pour peut-être une quinzaine de bateaux. C’était toute la même creuseur d’eau.
M.C.- Et quelle sorte de bateau vous aviez, asteure ?
C.C.- Ah, je… Quand j’ai commencé à pêcher, moi, je pêchions à l’aviron, hein. J’avions des doris comme de quatorze pieds, je pense. Puis après ça, j’en avons fait des plus grands. J’en avions… Après ça, j’avions des bateaux de seize pieds.
M.C.- Oui, oui. Et y en avait-il à la voile, asteure? Y en avait-il ?
C.C.- Oui, c’était à la voile en premier. Puis en dernier, bien, j’avions des engines, des Cadians.
M.C.- Asteure, comment ça se fait qu’il y avait de la morue dans des places puis il n’y en avait pas dans d’autres ?
C.C.- Bien, asteure, ça dépend les fonds, hein. Il y a des fonds, ça donne qu’il y a des pitos dessus.
M.C.- Des pitos, oui, oui.
C.C.- Il y a des pitos puis toutes sortes de petits poissons. Ça ressemble des puces de mer, quasiment. C’est ça que la morue mange, hein, sur le fond. Il y a des fonds de goémon puis il y a des fonds de roches, hein, puis il y a des fonds de vase.
M.C.- Asteure, vous aviez les mêmes fonds pour pêcher le homard que la morue ?
C.C.- Bien, sur le plat, oui, clair de dedans l’eau creuse, c’était les mêmes fonds, mêmes fonds de cailloux.
M.C.- O.K. Merci beaucoup et, asteure, on va parler de…