L'informateur évoque l’agriculture des patates : à la fin mai, si on voulait planter des patates, on cherchait un morceau de terre désert, où on défrichait de la terre et brûlait le bois qui était dessus. On plantait les patates à la pelle, ou à la faux puis on plantait trois patates à la fois. Ça avait cent pieds de long, cinq pieds de large, et ça faisait trois rangs de patates.
Il parle de la culture des légumes : il cultivait des patates, des choux, des choux-raves, des carottes… L’engrais était le fumier de grange. Les jardins étaient près de la maison. Les patates pouvaient être plantées partout, c’était pour subvenir à leurs besoins, et non pour vendre. Ils fauchaient le foin. Le foin était ailleurs, sur d’autres morceaux de terre. Il cultivait surtout dans la terre noire. Le terrain était assez plat. L’informateur dit que la patate et le chou-rave poussent mieux dans la terre qui a été brûlée. S’il y avait une maladie végétale, ça la guérissait. Les hommes plantaient les patates, mais c’étaient les femmes qui entretenaient et cultivaient les jardins. L’informateur dit qu’il a commencé à faire de l’agriculture avec son père à l’âge de neuf ans : il plaçait les graines.
L’engrais était du fumier seulement. Il n’utilisait pas de poisson parce qu’il dit que la terre était trop puissante pour ça. Les patates se seraient toutes retrouvées sur les arbres, et non dans la terre. Il n’utilisait pas de cendre non plus. Pour les autres légumes, il utilisait essentiellement le fumier de mouton. C’était puissant. Il arrosait son jardin avec de l’eau de table.
Le défunt Kerfont a eu la première charrue au Cap. Il avait deux chevaux et labourait pour les gens.
S’il n’avait pas de graines, il en achetait d'autres. Les graines de chou, de carottes et de chou-rave se vendaient dans les boutiques.
Charles Cormier parle des astuces pour l’agriculture : les choux-raves et les patates poussaient mieux à la lune décroissante, et les choux, à la lune croissante. Si on plantait à la mauvaise lune, ça poussait en sable. Il ne plaçait pas d’engrais après que le plant poussait, seulement lorsqu’il les plantait. La seule eau qui arrosait les jardins était la pluie. Les vers étaient nocifs pour les jardins, il n’avait rien pour les éliminer. Il ne plaçait pas d’eau salée parce que ça aurait tué les plants. Pour que la pluie se ramassait, il faisait des petits canaux dans le fumier. Les patates qui poussaient avec des verrues avaient eues trop de fumier. Elles poussaient en haut de la plante au lieu d’en bas. Pour contrer cela, il fallait planter à la bonne lune et ne pas placer trop de fumier. Il y avait des terres qui étaient plus fertiles que d’autres. Il dit avoir planté dans l’un de ses morceaux de terre sans avoir placé d’engrais du tout et que ça a poussé magnifiquement. À l’automne, les souris et les rats détruisaient les patates aussi.
La récolte des légumes : Les patates étaient arrachées vers le 5 octobre. Les choux-raves l’étaient un peu plus tard. On disait qu’ils étaient meilleurs lorsqu’une gelée était tombée dessus. Les choux pouvaient rester pendant tout l’hiver dehors. Lorsque que le besoin s'en faisait sentir, on pelletait. Même s’il était gelé, on le plaçait dans l’eau froide et ça dégelait. Les patates étaient arrachées à la pioche. Vers la fin, l’informateur dit qu’il les récoltaient à la charrue. Chacun avait sa tâche : l’un d’eux piochait, l’autre transportaient les patates… S’il y avait trop de légumes, on les jetait, ou on les donnait aux animaux. Il dit que les chevaux mangeaient les choux-raves. Les patates ne sont pas bonnes pour les animaux.
Le printemps suivant, on n’avait qu’à passer un râteau sur la terre pour la rendre plate et on pouvait planter des graines à nouveau. On alternait de morceau de terre.
L’entreposage et la conservation des légumes : Les patates étaient conservées dans des quarts, dans des caves creusées. La porte était un couvercle sur le plancher que l’on enlevait pour descendre en bas. Il ne mélangeait pas ses légumes. Par exemple, si on mettait les choux-raves avec les patates, les choux-raves pourrissaient et devenaient blancs à l’intérieur. L’informateur dit ne pas avoir placé ses légumes dans des boîtes de conserves. Dans des boîtes de conserves, il plaçait du homard, des langues de morues… On n’avait pas besoin de couvrir les quarts dans lesquels les patates étaient. Il ne faisait pas chaud dans ces caves. Il ne plaçait pas de sel sur ses choux-raves pour les conserver, mais en plaçait sur les choux lorsqu’ils commençaient à pommer. Ils avaient assez de légumes pour l’hiver.