Item : Habitudes alimentaires d'Annie Félix
Général
- Titre
- Habitudes alimentaires d'Annie Félix
- Description
Annie Félix énumère les animaux pêchés et mangés nécessaires pour la survie, ainsi que différents plats péparés. Aujourd'hui ces activités sont moins faites. En été, des activités étaient faites en extérieur. La nourriture avait plus de goût. Elle explique ce qui était fait avec le cochon. Des herbes étaient ramassées mais elle ne s'en souvient plus que desquelles.
Personnes
- Enquêteurs
- André Magord
- Informateurs
- Annie Félix
Indications géographiques et culturelles
Données d'archivage
- Cote
- MFLA_MAG_0001_0002_013
- Cote de l'item dans l'institution partenaire
- C13088-13
- Remarques concernant les données d'archivage
- - Inventaire par Steeve Ferron.
Données techniques
- Durée estimée
- 00:11:30
Médias associés
Description
Genres
- Domaine(s)
- Témoignage
Texte/Paroles
- Paroles
A.M.- Puis mon défunt père avait des jardins. Il faisait la pêche aux homards et la morue, tu sais. Ce temps-là, tu étais alloué de pêcher le homard rien que pour manger. Asteur, tu n’es pas alloué; faut que tu… Si tu n’as pas deux cents ou un cent casiers, tu ne peux pas. Tu sais, hein ?
A.M.- Ah oui, oui.
A.F.- Oui. Ils gardiont des vaches.
A.M. Ah oui ?
A.F.- Des cochons, des poules…
A.M.- Vous aviez tout pour votre nourriture.
A.F.- Oh, oui. Je faisions notre beurre. J’avions notre jardinage.
A.M.- Ils ne le font plus, ça, maintenant, les gens.
A.F.- C’est pas comme que c’était. Je voudrais bien ça serait de même. Il y en a qui fait des jardins encore, mais ce n’est pas comme avant.
A.M.- Pas beaucoup.
A.F.- Asteur, faut t’achète tout à la boutique. Ce temps-là…
A.M.- Pourquoi qu’ils veulent plus faire de jardin? Parce que c’est bon en plus, les légumes du jardin.
A.F.- My god, je ne suis pas sure c’est ça… Puis, je veux dire, ça, c’est de quoi à faire puis, je veux dire, ça se ressemble plus comme le vieux temps, hein. Asteur, ils pouvont pas prendre de misère, I guess.
A.M.- Parce qu’il y en a beaucoup qui s’ennuient en plus. Ça les occuperait.
A.F.- Oui! Il y a qu’ils s’ennuyont ; rien à faire, rien à faire. Moi, je ne m’ennuierais pas. Je broche puis je marche puis je ramasse le bois ici et là aux alentour de la maison, […], je raclais, je… Je faisions ça avant, là. Je tirions les vaches, j’allions des fois en arrière, sur la butte, une couple de miles pour les vaches. Puis si elles alliont pas [pas une tache(?)], c’était dur à trouver.
A.M.- Couper quoi ?
A.F.- J’allions en arrière pour chercher des vaches.
A.M.- Oui ?
A.F.- Je tirions les vaches, hein ?
A.M.- Oui.
A.F.- Et le matin, après le déjeuner, il fallait j’allions. Ils aviont pas de parc pour mettre le lait de la vache dedans. Puis… le lendemain matin, elle était partie. Je me rappelle ma défunte mère avait deux vaches après qu’elle était mariée avec le deuxième homme. Quelle misère… Elle venait chez nous des fois : toute déchirée – ses hardes, ses jambes – puis pas moyen de les trouver, des fois jusqu’à deux jours. Oui. Puis asteur, le monde, ils avont tout en grand. Nous autres, fallait que je lavions, nous autres, à la planche à laver.
A.M.- Oui. C’est où, ça ? C’était à la maison ou est-ce qu’il y avait un endroit dans le village où toutes les dames allaient ?
A.F.- Non, non, chez [notre] own maison. Ils faisiont des bailles. Ce temps-là, tu ne pouvais pas aller à la boutique puis acheter une baille. Elle n’avait pas, la boutique; rien qu’une petite boutique pour une couple d’af… Tu sais, ça que tu avais le plus besoin le plus, hein. Puis de la mélasse dans les gros barils, là, hein. Puis il y avait des quarts à mélasse, des quarts à lard. Ils coupiont ça puis ils faisiont des poignées pour charrier les bailles dehors. Faut tu charriais l’eau. Il y avait des bouts, je charriais de l’eau à deux sceaux pour laver les hardes.
A.M.- Bien oui.
A.F.- Puis fallait tu chauffais ça tout en grand sur le poêle à bois : juillet et août, le temps chaud, on repassait les hardes. Fallait tu fais du feu tout le temps.
A.M.- Il devait faire chaud dans les maisons.
A.F.- Oh, bien, nous autres, pour écarder puis filer, hein, avec de la laine, là, fallait j’allions dehors : trop chaud, oui. Écardions puis filions dehors. Trop chaud pour… Oui. Puis cuire du pain; j’allions puis je virions le pain et puis je me sauvions back dehors. Trop chaud pour rester dans la maison. Puis le soir, chaud, la chaleur… C’était tous rentrés à la maison le soir. Ça se logeait tous.
A.M.- Est-ce que la nourriture était meilleure ou moins bonne à ce moment-là ?
A.F.- Bien, moi, à ma croyance, il y a… Asteur, il y a en masse de friandilles à manger, but ça je faisions à manger, je crois que c’était meilleur.
A.M.- Ça avait plus de goût ?
A.F.- Parce que… Oui, puis les enfants, les petits enfants qui venont au monde, bien, ce temps-là, c’est bien rare qu’ils aviont la bouteille. Puis si c’était la bouteille, c’était du lait de vache. Puis quand que tu es grand assez, tu prenais du pain, [avant un aux](?) boutiques – tu n’avais pas de pain de boutique puis il y avait pas comme de manger de petits [enfants] ou de quoi de même – je chauffions(?) du pain, je mettions du lait puis un petit peu de sucre puis je mangions ça. Puis sur le commencement de tout en grand, les petits brailliont; tu pouvais faire de la bouillie qu’ils appeliont, du milk_(?). Tu bouillais du lait sur le poêle, le poêle à bois, et puis là fallait quand que ça bouillait, tu mettais un petit peu de farine dans de l’eau ou du lait puis tu battais ça jusqu’à temps que c’était épais puis tu donnais ça aux enfants.
A.M.- Ils aimaient ça ?
A.F.- Et puis les enfants étiont plus en santé qu’ils le sont asteur. Les miens, moi, ce n’est que les derniers, les deux derniers, je pouvais […] aux boutiques avoir le manger en bouteilles ou en cans. Ils n’en vouliont pas. J’ai dit ça au docteur […] : « I don’t blame them, il dit, it’s no good for them anyway. » Il m’a demandé quoi je donnais à manger à mes enfants puis dans ce temps-là, c’était ta own viande. Tu cuisais des fayots, tu les bouillais ou les bakais; c’était du poisson, de la morue ou des têtes; c’était du hash au chou-rave puis du lard, des oignons; c’était un bon feed. Puis des beaux stews de viande fraîche. J’avions notre poule que je cuisions dans l’été. Je faisions notre own manger puis il y avait une belle pâte(?)08:09 dessus. C’était bon. […] à manger. Ma belle-mère, elle cuisait bien.
A.M.- Comment est-ce que vous aviez la farine et le sucre ?
A.F.- Bien, ça, c’était… Il y avait une boutique au… Si pas, fallait tu ailles à Port-au-Port. À Port-au-Port, c’est un bon bout à aller. En canot, fallait tu y ailles.
A.F.- Ah oui? Y avait-il de la mélasse ?
A.M.- Oh oui. Il y avait une boutique, là, plus proche que celle-là qu’on a asteur, là, là-bas en bas du chemin. Puis il y avait les gros pochons de mélasse, là, les gros. Oui, puis c’était sur le côté puis avec un bouchon puis t’allais puis il y avait une mesure : si tu voulais une quart, un demi-gallon ou un gallon, bien, ils mettiont ça en-dessous puis… Puis dans l’hiver, fallait t’espère, t’espère… [Elle rit.] C’était froid, hein. Il y avait rien qu’un poêle à bois puis dans la shed, il y avait rien, pas de chaleur, hein.
A.M.- Bien sûr, oui.
A.F.- Oui. Le lard : je tusions des cochons puis j’avions notre lard.
A.M.- Vous faisiez du boudin ?
A.F.- Oui.
A.M.- Oui ?
A.F.- Ah, oui.
A.M.- C’est bon, ça, hein? On fait ç… Je viens de la campagne, en France, aussi et les gens font encore… Ils tuent le cochon et ils font du boudin.
A.F.- Asteur, ici, ils en faisont encore, ils coupont les…
A.M.- Ah oui ?
A.F.- Oui.
A.M.- C’est bon.
A.F.- Asteur, ma fille, [?] – elle qui est mariée avec un Felix, là, la dénation à [?] – elle en fait encore des fois. Mais elle a pas de bête, mais quand qu’elle sait que quelqu’un tue des bêtes, bien…
A.M.- Elle y va, oui ?
A.F.- Elle me demande… dit : « Si tu as le temps, bien, demande-lui pour me sauver du sang ».
A.M.- Ah oui.
A.F.- Elle fait du boudin. Ouf, c’est bon.
A.M.- Qu’est-ce qu’il y a encore à part le boudin ? Est-ce que l’andouillette, par exemple, ou l’andouille, ça vous dit quelque chose, ça ? C’est un petit peu comme le boudin, mais… C’est pareil ; c’est fait avec le cochon. On met ça dans les tripes, là.
A.F.- Oh oui ! Oui.
A.M.- Vous appelez ça comment ici ? Par un autre nom ? Parce que… Comme le… Mais l’andouille, c’est… il y a pas de sang aussi. Comme, l’andouille, c’est juste la viande, les tripes, les choses comme ça, là, qu’on… C’est presque pareil.
A.F.- Bien, oui, c’est bon.
A.M.- Avec le cochon, est-ce que vous faisiez du pâté ? Vous voyez ce que c’est le pâté ?
A.F.- Oh, oui, moi, je fais ça avec… Asteur, j’avais un oncle qui est mort asteur, le père de l’homme qui own les clubs, là. L’autre année, il a tué un cochon. My gosh, je sais pas comment de… C’était gros. Il a donné la tête à un gars pour son chien. Et puis l’autre année, encore, il a été puis il a envoyé la tête ici. Il dit : « Oui, je suppose que tu peux faire de quoi avec ça. » J’ai dit : « Je pas pour faire un repas. Je ne pourrais pas faire un pâté avec ça. » Et puis ça que j’ai fait, j’ai coupé le lard de dessus, la graisse, hein, puis j’ai cuisiné avec la viande. Puis là, j’ai mis un morceau de viande de bœuf avec. […] voulait pas le croire. [Y-où ce que je jetions toutes les têtes.](?)11:10 Puis les têtes, qu’elles se trouvent [à être] une vache ou… Comment qu’ils appellont ça ? Les mooses, là…
A.M.- Ah oui, les orignals.
A.F.- Oui, les orignals, là. Bien, je ne pouvais pas attraper le nom, là. Et puis, ça, c’est pareil : ils jettont les têtes, hein. Ils prennont rien que les cornes de dessus puis… Moi, j’en ai fait une l’autre année pour […], je crois. Lui, il aime pas ça, mais sa femme aime faire pour donner aux enfants en retour, la famille… Puis…
A.M.- Mais il faut un grand plat pour mettre la tête.
A.F.- Oui, un gros pot, mais si tu coupes, tu coups ça par une scie, hein. Surement, mon garçon, il scie ça pour moi.
A.M.- D’accord.
A.F.- Oui. Puis j’ai un pot, puis je mets ça dedans. Si ce n’est pas assez d’un, j’en mets deux. Puis là, je fais un pâté puis là, je leur donne tout à eux. Asteur, tu aurais dû voir l’autre année, bien, il avait deux têtes de vache. Il a emmené ça ici. Il dit : « Maman, […] l’hiver passé encore. » Je dis : « Non, je m’en va le faire. » Et puis, moi, asteur, je suis diabétique. La graisse, ça dégraisse. « Bien, j’ai dit, m’en vas le faire et puis je m’en vas mettre dans mon gros roaster, là. » Puis il dit : « Quand que ce sera de fait, je vas le mettre dans le fridge au froid ou dans le deep freeze, puis quand que ce sera de frais, m’en vas t’appeler puis tu viendras le chercher et puis tu partageras ça que tu veux. So, je l’ai fait deux ans de rang.
A.M.- C’est gentil, ça.
A.F.- Il vient le chercher, ah, un gros roaster, là, large… Puis des fois, c’est tout plein jusqu’au bord. Ça fait que le dernier coup, elle a venu – sa femme – puis elle a tout coupé ça ici, là, puis tout partagé dans la… Elle a tout dégagé(?) ça, ici et là.
A.M.- Est-ce que vous ramassiez des… comme des herbes pour faire de la… des tisanes, par exemple, des choses comme ça? Comme du thé avec des… Chez moi, les gens font ça souvent. Ils ramassent certaines plantes, ils les font sécher puis après, ils mettent ça dans l’eau, comme le thé, quoi, pour…
A.F.- Oui, ils faisiont ça auparavant.
A.M.- Vous savez quelles plantes ils prenaient pour ça?
A.F.- Non, je pourrais pas vous dire. My god, je savais, moi. Mon défunt père me parlait souvent de ça.
A.M.- Ah oui ? Ils s’en servaient pour se guérir aussi des fois. Ils connaissaient des plantes qui pouvaient guérir.
A.F.- Oui.
A.M.- Vous ne connaissez plus ça ?
A.F.- Non. Je ne m’en rappelle pas du nom.